Licenciement pour motif économique : comprendre et agir en tant qu’employeur ou salarié

Le licenciement pour motif économique est une situation complexe qui soulève de nombreuses interrogations aussi bien pour les employeurs que pour les salariés. Comprendre les enjeux, les procédures à suivre et les droits de chacun est essentiel pour aborder cette situation avec sérénité et efficacité. Cet article se propose de vous éclairer sur ce sujet délicat, avec l’expertise d’un avocat.

Définition et causes du licenciement pour motif économique

Le licenciement pour motif économique est un type de rupture du contrat de travail à durée indéterminée (CDI) qui intervient lorsque l’employeur doit faire face à des difficultés économiques. Selon le Code du travail, il s’agit d’une suppression ou transformation d’emploi, ou encore d’une modification refusée par le salarié, résultant notamment :

  • d’une réorganisation nécessaire à la sauvegarde de la compétitivité de l’entreprise,
  • de mutations technologiques,
  • d’une cessation totale ou partielle d’activité,
  • ou encore d’une conjoncture économique défavorable.

Afin d’être considéré comme légitime, le motif économique doit être réel et sérieux. Il incombe à l’employeur de démontrer ces difficultés devant le juge prud’homal en apportant des éléments factuels et objectifs.

Procédure de licenciement pour motif économique : les étapes à respecter

La procédure de licenciement pour motif économique varie selon la taille de l’entreprise et le nombre de salariés concernés :

  • Pour les entreprises de moins de 50 salariés : l’employeur doit convoquer le salarié à un entretien préalable par lettre recommandée avec accusé de réception ou remise en main propre. Lors de cet entretien, il doit exposer les motifs du licenciement et recueillir les explications du salarié. Il doit ensuite notifier le licenciement dans un délai minimum de 7 jours après l’entretien (15 jours pour un cadre).
  • Pour les entreprises de plus de 50 salariés et moins de 10 licenciements sur une période de 30 jours : la procédure est identique à celle des petites entreprises, mais l’employeur doit également informer et consulter le comité social et économique (CSE) avant toute décision.
  • Pour les entreprises de plus de 50 salariés et plus de 10 licenciements sur une période de 30 jours : il s’agit d’un licenciement collectif. L’employeur doit établir un plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) soumis à validation ou homologation par la Direccte, informer et consulter le CSE, puis organiser des entretiens individuels avec chaque salarié concerné.
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Dans tous les cas, l’employeur doit respecter un ordre des licenciements en tenant compte de critères tels que l’ancienneté, la charge de famille, la situation des représentants du personnel et les difficultés de réinsertion professionnelle.

Les droits du salarié licencié pour motif économique

Le salarié licencié pour motif économique bénéficie d’un certain nombre de droits, notamment :

  • une indemnité légale de licenciement (ou, le cas échéant, une indemnité conventionnelle ou contractuelle plus favorable), dont le montant dépend de l’ancienneté et du salaire,
  • une indemnité compensatrice de préavis si le salarié est dispensé d’exécuter son préavis,
  • une indemnité compensatrice de congés payés si le salarié n’a pas pris tous ses congés,
  • un droit à la portabilité de la couverture santé et prévoyance pendant une durée déterminée,
  • un accompagnement personnalisé par Pôle emploi pour faciliter son reclassement professionnel (aide à la recherche d’emploi, formation, etc.).

Si le licenciement est déclaré abusif par le juge prud’homal (absence ou insuffisance de motif économique), le salarié peut obtenir des dommages et intérêts dont le montant varie selon l’ancienneté et la taille de l’entreprise.

Les obligations de l’employeur en matière de reclassement

L’employeur a une obligation légale de reclassement du salarié avant de procéder à son licenciement pour motif économique. Cela signifie qu’il doit rechercher et proposer au salarié des postes disponibles dans l’entreprise ou, le cas échéant, dans le groupe auquel elle appartient, en tenant compte des compétences et qualifications du salarié.

Le refus par le salarié d’une offre de reclassement conforme à ces critères peut justifier son licenciement pour motif économique. En revanche, si l’employeur n’a pas satisfait à son obligation de reclassement ou si l’offre proposée est inadaptée, le licenciement peut être considéré comme sans cause réelle et sérieuse.

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Bon à savoir : la rupture conventionnelle collective

Depuis la réforme du Code du travail en 2017, les entreprises peuvent recourir à une rupture conventionnelle collective (RCC) pour adapter leurs effectifs en cas de difficultés économiques, sans avoir à justifier d’un motif économique. La RCC est un accord collectif qui prévoit les modalités de départ volontaire des salariés (indemnités, accompagnement, etc.) et doit être validé par la Direccte. Elle présente certains avantages pour l’employeur (moins de contraintes juridiques) et le salarié (meilleures indemnités), mais reste moins protectrice que le licenciement pour motif économique.

En somme, le licenciement pour motif économique est une procédure encadrée par la loi qui nécessite une connaissance approfondie des droits et obligations de chaque partie. Il est donc recommandé aux employeurs et salariés de se faire accompagner par un avocat spécialisé en droit du travail pour sécuriser leurs démarches et défendre au mieux leurs intérêts.

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